Dussacre, Audri, Pirotais : une belle lignée dans le cuir

 

Fabrication artisanale et cordonnerie, fourni-tures de cuirs, vente des produits finis : un siècle et demi d'histoire de la chaussure raconté par un seul commerce.

Avant de s'implanter dans le Choletals, l'industrie de la chaus­sure est présente à Angers. A cô­té des 37 manufactures qui fonc­tionnent en 1901 - la première a ouvert en 1856 - œuvrent 73 cordonniers, souvent à la fols ar­tisans fabricants et marchands, mais aussi des marchands de cuirs et crépins (1), fournisseurs des matières premières. En 1901, Ils sont douze, parmi les­quels Audrin, place de la Laiterie, dont le parcours mène tout droit Jusqu'en 2004, chez Pirotais, rue Saint-Julien.

Un précieux catalogue de janvier 1905, à la belle couver­ture Art nouveau, témoigne de l'importance de cette activité. Il propose toute une gamme des tiges (le dessus de la chaussure), de semelles, de bouts, de la­cets... On pouvait également acquérir des Derbys, souliers à lastfque, cydlstes. chaussures de soirée, souliers plage, bot­tines à lacets, snow-boots. bottes méphisto, napolitains à fermoir et daps, bottes Souvaroff, et bien sûr molletières et guêtres. Les matières sont des plus di­verses : veau russe, box-calf. kid. chevreau, chèvre, vache, pou­lain...

Grâce aux femmes

    Maison fondée en 1850, indique fièrement ce catalogue. Ef­fectivement, les archives ont li­vré les prédécesseurs d'Audrin : un certain Jean Coujoulou, bot­tier 30, rue de la Croix-Blanche (près de la rue de la Roé) en 1856, cède son commerce au cordonnier Auguste Dussacre vers 1872. Ce dernier s'installe dix ans plus tard 1, boulevard Descazeaux. De cordonnier, il devient mar­chand de cuirs, puis négociant • en cuirs et emploie au moins un ouvrier. Mathurln Bodusseau. Constant Audrin. son assodé depuis 1891. re­prend l'affaire en 1895. Deux femmes jouent un très grand rô­le dans sa pérennité : Marie Coû­tant veuve de Constant, dans les années 1920, puis la veuve de Charles Audrin, dans les an­nées 1940-1950.

      Venu de la région de Fougères

      C'est le hasard qui conduit Jules Pirotais, Instituteur libre en ille- et-'Vilaine, chez sa tante Audrin le 5 février 1945. Veuve depuis trois mois, sans enfant, elle lui propose une association. Aussi­tôt dit, aussitôt fait Jules Pirotais se met au métier mais se ré­oriente rapidement vers la chaussure, et d'abord la pan­toufle. Trois Idées assurent Vaf­faire : l’ouverture d'un second magasin en 1965, passage Gasnault (à l'emplacement de • Na­ture et Découvertes •) ; la spécia­lisation pour les pieds sensibles sur le modèle du célèbre magasin • Au Grand- Saint-Maurice \ place Sainte- Croix ; et enfin l'achat d'un pas de porte rue Saint-Julien, en 1972, au moment du lotisse­ment de remplacement du Grand-Cetcle»

      Le succès de ce magasin est sans comparaison avec celui de La Doutre, fermé en 1974. Un grand choix de chaussures fran­çaises de qualité, des pointures par demo-taille, à partir du 34 pour les femmes, et une publici­té axée sur la chaussure pour pieds sensibles étendent la clien­tèle jusqu'en Mayenne et en Sarthe. Cette belle lignée dans le cuir se poursuit avec Pierre Pirotais, depuis juin 1989.

      Sylvain Bertoldl. Conservateur en chef des Archives d Angers

      (1) Nom de tou* le* outil* et de toute* le* marchandée* qui tentent au métier de cordonnier, excepté le* cuir*. Saint-Crépin est le patron de* cordonnier*


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